Simon Bertrand

Compositeur

QC
Canada

1969

« J’écris avec le sérieux d’un enfant qui s’amuse. » (Borges)    Mon premier contact avec José Evangelista a été dans le cadre de son cours « Paronama des musiques du monde », dans les années 1990, à l’époque où, après un parcours d’instrumentiste, je commençais à m’intéresser à la composition.    Ce cours fut, pour un jeune compositeur occidental ethnocentrique obsédé par les grands courants de la musique d’avant-garde européenne du XXe siècle, un véritable électrochoc qui m’a beaucoup marqué. Un jour, j’ai croisé José dans la grande pente de la Faculté de musique de l’Université de Montréal et lui ai annoncé que je partais étudier la composition à l’étranger. Je me souviens de son sourire et de ses mots : « C’est une très bonne nouvelle ». J’ai finalement passé douze ans à l’étranger, dont trois années marquantes en Asie.    Par la suite, à mon retour en 2003, j’ai fait un doctorat sous sa direction, conjointe à celle de Denis Gougeon. Pendant ces années, José m’a toujours traité comme un collègue, avec la plus grande bienveillance, et a toujours été l’aise à avec le côté inclusif de ma musique sur le plan du langage musical et sa recherche de simplicité. Il m’a d’ailleurs dit, un jour, quelque chose comme : « Une musique simple ne veut pas nécessairement dire une musique simpliste… ». L’œuvre que je lui offre humblement aujourd’hui, commandée par le NEM, est un peu issue de cette piste de réflexion que m’a offert ce grand musicien.    De plus, je me suis donné le difficile défi d’écrire une œuvre monodique, dans laquelle il n’y aurait pratiquement aucun accord plaqué, clin d’œil évident à la technique compositionnelle hétérophonique, très chère à José.    Il ne s’agit pas de véritables variations sur un thème, mais bien de perpétuelles ramifications de mélodies, cellules ou traits que j’ai construits à partir d’un mode balinais qui est transposé sur lui-même, sur une sorte de registre fixe qui couvre toute l’étendue du piano. Les mouvements ont des caractères assez définis et contrastés, dans un esprit proche de Schumann, dans ses Novelettes ou ses cycles de miniatures, comme le Carnaval ou les Scènes d’enfants.  L’œuvre est dédiée à José et à Louise Bessette, avec toute mon admiration.  (Simon Bertrand) Simon Bertrand (Montréal, Canada, 1969) Titulaire d’un Premier Prix de composition sous la direction de Claude Ballif et d’un doctorat de l’Université de Montréal sous la direction de José Evangelista et Denis Gougeon, Simon Bertrand est l’un des compositeurs québécois les plus prolifiques et actifs de sa génération. Sa musique, qui va à la rencontre à la fois des grands courants de la musique contemporaine du 20e siècle et des musiques extra-occidentales, a été interprétée partout au Canada ainsi qu’au Japon, en Chine, en Corée, au Danemark, en France et aux États-Unis par des orchestres, solistes ou ensembles comme l’OSM, l’OSQ, l’OSDL, le Toronto Symphony, l’Orchestre philarmonique de Shanghai, l’Orchestre national d’Île-de-France, Guy Pelletier, Lori Freedman, Jacques Drouin, Louise Bessette, la SMCQ, le NEM, l’ECM+, Quasar, le Quatuor Alcan, Utrecht String Quartet (Hollande), le Danish Saxophone Quartet (Danemark) et Pro Musica Nipponia (Japon). Il a remporté de nombreux prix, notamment le prix Opus du compositeur de l’année en 2013. Il a aussi composé plusieurs musiques de film, notamment pour Zentropa (compagnie de production de Lars Von Trier) et a récemment signé la musique de Pays de Chloé Robichaud.